Plus de 300 000 personnes disent non à la supercherie à Sétif

Samedi 16 Mars 2019

Pour dénoncer la «prolongation» du 4e mandat du Président sortant, une marée humaine dépassant les 300 000 personnes est descendue hier, pour le quatrième vendredi consécutif, dans les rues de Sétif. S’expliquant mal la ruse du pouvoir, les contestataires rejettent en bloc la nouvelle feuille de route de Bouteflika. Selon les protestataires, le chef de l’Etat essaye de gagner du temps.
Le maintien du statu quo est catégoriquement rejeté par la population des Hauts-Plateaux sétifiens où la contestation n’a pas ployé d’un iota. Ainsi, la mobilisation pour le rejet des «prolongations» décidées par Bouteflika a atteint, hier, son pic à Sétif où des milliers de personnes de toutes les localités de la deuxième wilaya du pays en nombre d’habitants et d’électeurs ont marché pour dire «Basta». Après la prière du vendredi, la procession s’est formée dans différents lieux de la cité, avant de s’ébranler vers le centre-ville où s’est massée une foule immense, composée essentiellement d’étudiants, de médecins, d’avocats, de fonctionnaires, de citoyens anonymes, des enseignants du primaire au supérieur, des commerçants et beaucoup de femmes s’impliquant activement dans ce sursaut d’orgueil.
Après une halte devant le siège de la wilaya, bloqué faut-il le rappeler durant toute la semaine, la foule continue son parcours sur le grand boulevard, puis longe le parc d’attractions, le CHU Mohamed Nadir Saadna. «L’ère de la gouvernance par procuration est révolue. On n’en veut plus de ces caciques, principaux responsables de la faillite du pays. Gangrené, le système ne peut se refaire une virginité en un clin d’œil. Pas dupe, l’Algérien n’a plus confiance en cette mafia», déclarent à El Watan des ex-enseignantes du secondaire (retraitées de l’Education nationale).
Et nos interlocutrices d’enchaîner : «Grâce au sursaut de la dignité, plus rien ne peut être comme avant dans cette nouvelle Algérie.» Brandissant l’emblème national et d’innombrables pancartes et banderoles écrites en français, arabe et anglais, les manifestants persistent et signent : «Le changement, c’est maintenant», «Pouvoir dégage», «Non à la violation de la Constitution». Omniprésente et très active, la masse juvénile réclame non seulement un véritable projet de société mais désire emboîter le pas aux héros de Novembre 1954 : «Nous ne réclamons ni plus ni moins que le départ d’un système politique sclérosé. On n’a pas demandé le limogeage du gouvernement mais des élections libres et démocratiques susceptibles de mener le pays vers la IIe République en mesure de présenter un véritable projet de société.
La manifestation d’aujourd’hui, qui fera sans nul doute date, doit donner à réfléchir à ce pouvoir scénique(sénile)», diront à El Watan de nombreux jeunes. «Les martyrs se sont sacrifiés pour libérer le pays du joug colonial, la jeunesse du 22 février, ne postulant plus à la harga, veut vivre en Algérie et prendre part à sa reconstruction», affirment de nombreux jeunes décidés, à l’instar des autres manifestants, à maintenir la pression jusqu’à la satisfaction de toutes les doléances du peuple algérien, fustigeant le monopole, la pensée unique, le parti unique, la cooptation et la confiscation de sa souveraineté.

Source : https://www.elwatan.com/edition/actualite/plus-de-...

El Watan